Internet, 1999
Je ne sais pas ce que je fais, mais je le fais.
Ça commence à dater un petit peu cette idée, mais ça me suit durablement, peut-être donc est-il temps de tout plaquer. Les réseaux sociaux, j’entends. Tout plaquer, vraiment tout plaquer et courir tout nu dans le Morbihan en hurlant contre le capitalisme c’est tentant mais on verra ça pour dans dix ans. Non là je m’attaque juste à cette habitude vieille de presque vingt ans que j’ai, et qu’on semble nombreux·ses à avoir : être inscrit·e à au moins un réseau social qu’on peut scroller à loisir à la recherche, et même dans la folle attente de ce contenu, ces mots, cette image, qui vont nous soulever la fesse gauche du canapé, que ce soit de rage comme de joie ou d’attendrissement.
MySpace, Facebook, Twitter, à nouveau Facebook, trois fermetures et autant de réouvertures, Twitter, Instagram, Instagram, maintenant Mastodon. C’est bien Mastodon, mais ça reste un réseau social et ça nourrit la même chose, certes en plus serein et en plus lent, mais ça ne suffit pas. Ça reste une dépense d’énergie, une dépense de disponibilité, des émotions, des mécanismes de comparaison, et avec ces mécanismes la colère, la culpabilité, la validation, à l’échelle non pas d’une petite communauté comme celle de nos familles (au sens large) mais d’internet. De fucking internet. Des dizaines de personnes, des centaines, des milliers pour certain·e·s, en flux constant et instantané. Ça a ses vertus, je ne nierai jamais l’enrichissement personnel que j’en ai retiré, mais je suis un peu fatigué.
Le regard que je ne peux plus m’empêcher d’avoir c’est celui de réseaux, qu’ils soient commerciaux ou alternatifs, qui dépendent de toutes nos énergies individuelles pour exister et c’est tout ce à quoi nous servons. Nous alimentons le réseau pour lui-même.
Il reste un problème incompressible : lire et écrire c’est quand même sympa. Et internet aussi, à la base. Mais j’ai eu envie de ralentir, ou plus précisément de me tester dans un contexte ralenti. Vais-je écrire plus et lire plus, vais-je encore avoir envie d’exister sur internet à ce rythme adapté ? Vais-je revenir en courant vers les réseaux sociaux parce que je m’emmerde ? Vais-je complètement disparaître au contraire et me concentrer sur mon monde en dur ? Il n’y a qu’un moyen de le savoir : essayer¹.
Donc j’essaie. Et maintenant je vais voir.
¹ Petite note technique, à la base je voulais me faire une petite instance writefreely et ainsi rester fédéré avec le Fediverse mais mes moyens m'ont contraint à un hébergement mouaifbof qui ne me permet pas cette installation, en tout cas pas dans le spectre de mes connaissances techniques. Donc j'ai laissé tomber, tant pis. Pour le contact et les abonnements on va faire avec le mail et le RSS, au moins au début.